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11 Novembre 1918
27 octobre 2006

J. Janot - 415e R.I.

Au tout petit matin du 10 novembre 1918, les hommes de la 13e section de la 9e compagnie du 415e R.I. qui avaient franchi la Meuse entre 2 heures et 3 heures, étaient alignés le long de la berge, heureusement cachés à l’ennemi par la nuit et le brouillard, le ventre dans l’herbe mouillée et boueuse, les pieds au ras de l’eau.

Le sergent d’Hoker, à qui était passé le commandement de la section par suite de la chute du sous-lieutenant Leconte lors du franchissement, vint à moi pour nous dire que nous étions désignés comme avant-garde et nous donner les instructions ; puis il me confia sur le ton du bonheur qu’il était père d’un troisième enfant, qu’il en avait reçu la nouvelle la veille (ou l’avant-veille)… Je m’étonnai qu’il ne fût pas parti en permission exceptionnelle. « Je la prendrai après, dans quelques jours, me répondit-il ; ce n’est pas le moment de quitter les camarades ; le coup sera peut-être dur et il sera peut-être le dernier avant la victoire. »

Ce combat pour lequel il restait avec nous devait être en effet le dernier de la guerre ; mais le brave sergent ne connaîtrait pas, sur terre, son nouvel enfant ; il ne reverrait pas les deux autres ni sa femme.

A 10 h. 30, il était tué d’une balle.

Quelques minutes auparavant, au retour d’une exploration pour laquelle il m’avait emmené, il nous avait dit : « Nous sommes encerclés, mais on ne se rend pas, n’est-ce pas, les gars ? »

Du moins il a vécu ses derniers moments dans le pressentiment de la victoire toute proche. Nous avions capturé le poste allemand qui occupait « la Carcanerie », presque au débouché de la passerelle et il nous avait amenés jusqu’à un des bois qui escaladent la colline 249, colline sur les pentes de laquelle le caporal Delaluque, du même bataillon, devait le lendemain à 11 heures, parmi les morts et les survivants, sonner le Cessez le Feu ; et aucun de ses hommes n’avait été fait prisonnier.

Caporal J. Janot, du 415e R.I., 9e Cie, aumônier militaire 39-40, curé-doyen de Vaucouleurs, in "Almanach du Combattant", Durassié et Cie, 1968, p. 46. (Contribution de Jean-Claude P. Merci !)

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